Les pouvoirs publics sont régulièrement confrontés au besoin de modifier le paysage législatif afin d’introduire de nouvelles pratiques et de modifier ou de supprimer les pratiques dépassées en vue d’améliorer la délivrance et la qualité des services à la population.
Au sein de Möbius, nous adhérons par nature à ce type de projets qui visent à se rapprocher des objectifs du « Quintuple Aim ». C’est ainsi que nous avons pu accompagner les administrations régionales et fédérales dans différents projets nécessitant de prendre en compte la multiplicité des parties prenantes ainsi que leurs intérêts et de leurs niveaux d’implication spécifiques.
En Wallonie, la réalisation des assises de la première ligne, « Proxisanté », portait cet objectif. En effet, l’AVIQ souhaitait être accompagnée pour créer une adhésion autour du processus participatif visant à repenser l’organisation de la première ligne d’aide et de soins en Wallonie.
Quels enseignements peut-on tirer de cette expérience ?
Disponibilité des acteurs
Pour permettre une concertation réussie la participation de plusieurs acteurs est un prérequis. Dans le projet, cela s’est caractérisé par des adaptations importantes liées au contexte changeant. En effet, outre le calendrier qui a été remanié (ex : démarrage de la plateforme Proxisanté postposé pour être à distance d’une vague Covid, délai entre l’enquête et les ateliers raccourci …), la méthodologie a fortement évolué. Nous avons prévu des ateliers plus échelonnés dans le temps (sur 3 semaines) à d’autres moments (en soirée en semaine et la journée le week-end) pour maximiser le taux de participation. Nous avons créé des plus petits groupes (organisation par province, tables/espaces virtuels séparés) pour faciliter la prise de parole de chacun. Nous avons également mixé les technologies pour permettre une participation large lors de la restitution des débats au parlement wallon avec une partie des participants qui pouvaient interagir soit en virtuel, soit en présentiel.
Ces adaptations ont à chaque fois eu pour objectif de maximiser la participation en favorisant la présence, ainsi que la capacité de chacun à pouvoir échanger de manière constructive autour des défis liés à la réorganisation de la première ligne d’aide et de soins.
Des objectifs clairs
Pour tirer le plein potentiel de ces concertations, il est également nécessaire d’informer, rappeler et valider avec les personnes présentes leur rôle et les limites de l’exercice en cours. En effet, chaque moment doit avoir un objectif clairement défini pour permettre aux participants d’en comprendre les enjeux et les limites, et ne pas engendrer de frustrations liées à des attentes non fondées. De même, à l’issue de l’exercice, un retour fidèle des résultats et de l’impact de ces derniers sur l’objectif final permet d’aligner toutes les parties en vue de maintenir l’implication des personnes et s’assurer de leur adhésion à la poursuite de l’objectif final. En l’occurrence, outre les mails d’invitation et traditionnelles introductions aux ateliers, la plateforme Proxisanté a permis de mettre à disposition de la documentation et des explications, et de prévenir les membres qu’ils pouvaient apporter leur commentaire sur la production réalisée.
Faire émerger des idées
Capter les nouvelles idées est toujours un défi, d’autant plus quand de nombreuses personnes avec des profils différents se réunissent. Lors des ateliers, nous avons opté pour différentes solutions afin de maximiser les échanges et adopter un nouveau point de vue.
Afin de multiplier les moments et possibilités d’échanges, nous avons régulièrement modifié les groupes de discussion, permettant de cette manière de multiplier les connections entre les participants. De même, après une réflexion personnelle, il était demandé de discuter des propositions précédentes et des nouvelles idées personnelles qu’ils souhaitaient apporter.
Cette dynamique a été poussée un cran plus loin lors du dernier atelier en présence des fédérations. Durant ce dernier, il était demandé à chaque table de prendre la plume et de rédiger, sur base d’un consensus, la définition de la première ligne et de ses missions « à la place » du législateur.
Conclusion
Les assises de la première ligne en Wallonie, « Proxisanté », ont été une expérience réussie de concertation entre les différentes parties prenantes du secteur de la santé. Elles ont permis de rassembler un large éventail d'acteurs, de clarifier les objectifs et de faire émerger de nouvelles idées.
Voici quelques enseignements basés sur cette expérience :
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La disponibilité des acteurs est un prérequis pour une concertation réussie. Il est nécessaire de s'adapter au contexte et aux contraintes des différents participants.
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Des objectifs clairs sont indispensables pour garantir l'implication des participants et le succès de la concertation.
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Il est important de créer un environnement propice à l'émergence des idées. Cela passe par la mise en place de mécanismes d'échanges et de partage, ainsi que par la valorisation, des contributions de chacun.
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Les assises de la première ligne ont montré que la concertation est un outil précieux pour améliorer l'organisation des soins de santé. Elles ont permis de créer un consensus autour de la nécessité de réformer la première ligne et de définir des pistes de réflexion concrètes.