Défi stratégique
Les défis stratégiques auxquels sont confrontés les soins de santé pénitentiaires belges sont multiples :
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Impact de la détention sur la santé physique et mentale d'une personne : Les conditions de vie au sein du régime pénitentiaire combinées à la vulnérabilité de la majorité des détenus font que le besoin de soins en détention est supérieur à la moyenne par rapport à celui de la société libre ;
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Accès inégal à des soins de qualité : Les détenus ont souvent un accès limité à des soins de santé (mentale) comparables à ceux disponibles pour les individus dans la société libre. Cela conduit à des inégalités et peut rendre la réintégration dans la société plus difficile ;
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Faible continuité des soins : Les soins prodigués aux détenus sont souvent interrompus par des transferts, des libérations et d’autres facteurs. Cela complique l’efficacité des traitements et peut aggraver les problèmes existants ;
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Coopération : Il existe déjà une grande coopération entre les différents acteurs au sein de la prison (tels que le service médical, le service psychosocial, la direction opérationnelle, etc.), et avec les acteurs extérieurs à la prison (tels que les structures de soins en toxicomanie, les maisons de soins psychiatriques, les centres de réadaptation, les hôpitaux, etc.), mais elle peut être améliorée et devrait être optimisée. Aujourd’hui, il y a encore souvent une fragmentation des soins et un mauvais échange d’informations, et les très longues listes d’attente, notamment pour des raisons autres que somatiques, posent problème dans la coopération avec des partenaires externes.
Dans le cadre de la réforme des soins de santé en prison, des projets pilotes sont lancés, mettant l'accent sur les soins de santé mentale, tels que le traitement de la toxicomanie et le déploiement de psychologues dans 10 prisons belges. Pour une mise en œuvre réussie, une bonne coordination, un encadrement, un soutien et un alignement sont essentiels.
Le SPF Justice, le SPF Santé publique et l'INAMI ont donc désigné des coordinateurs de projet externes pour les soins de santé pénitentiaires afin de contribuer à construire un modèle de soins renouvelé et mieux adapté aux besoins des détenus, dans deux prisons pilotes, à savoir la (nouvelle) prison de Termonde et la prison de Lantin.
Approche
Les deux coordinateurs de projet Möbius (un par langue/prison) étaient responsables de différents lots de travail à travers une approche multidisciplinaire et intégrée :
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Collaboration multidisciplinaire : élaboration d'une cartographie et étude et promotion de la collaboration entre tous les acteurs, tant internes qu'externes, par des échanges, des analyses, des séances d'information communes avec tous les acteurs concernés, etc. et une coordination régulière avec les responsables des différentes administrations gouvernementales concernées, les consortiums d'équipes de recherche de diverses universités belges, les organismes externes désignés et les différents services impliqués au sein du système pénitentiaire ;
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Analyse et approche des goulets d’étranglement : identifier les goulets d’étranglement dans la prestation actuelle de soins et de services et formuler conjointement des solutions possibles, telles que l’élaboration d’un « consentement éclairé » commun, l’optimisation des méthodes de planification pour la médiation interculturelle, l’amélioration du partage d’informations entre les prestataires de soins, etc. ;
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Soutien à la mise en œuvre : étudier et soutenir la mise en œuvre des nouvelles initiatives et des projets pilotes en faisant connaître les projets, en formant le personnel, en identifiant et en aidant à résoudre les goulets d’étranglement, etc. ;
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Définition du rôle : cartographier les tâches/responsabilités d’un coordinateur de soins, afin de pérenniser le rôle temporairement assumé par les coordinateurs de projet, afin de répondre davantage et durablement aux besoins dans les prisons et de permettre aux acteurs des soins somatiques, psychosomatiques et psychologiques de fonctionner comme un réseau de soins, complémentaires les uns des autres, au sein de l’établissement pénitentiaire.
Résultat
Les coordinateurs de projet ont construit des ponts entre les différentes parties prenantes, défini et mis en œuvre des actions concrètes pour parvenir à une meilleure coopération et mise en œuvre des différentes initiatives (y compris régionales ou autres), identifié les goulets d'étranglement et, lorsque cela était possible, déjà fourni et mis en œuvre des solutions.
Ils ont ainsi posé les bases d’une meilleure coopération et d’un déploiement (ultérieur) réussi des initiatives fédérales en matière de soins de santé (mentale) et d’un meilleur accès et d’une meilleure qualité des soins de santé (mentale) dans le contexte pénitentiaire.