La réforme des soins de santé de première ligne est un trajet auquel tout le secteur a fortement participé : six groupes de travail avec chaque fois une 40taines de représentants du terrain, près de 1.000 inscriptions aux soirées organisées dans les différentes provinces, énormément de personnes qui ont partagé leur vision par mail ou par courrier, le conseil d’expert via la chambre de réflexion scientifique et, pour couronner le tout, la conférence de première ligne avec plus de 1.000 participants qui a eu lieu le 16 février 2017.
Ensemble avec ma collègue Sofie De Coninck, j'ai supervisé le processus menant à la conférence de première ligne. Je voudrais regarder en arrière: quelle est la valeur ajoutée de la mise sur pied d’un tel trajet participatif?
Les groupes de travail ont débuté en 2017 avec beaucoup d’enthousiasme. Dans des groupes plus restreints, des débats ont eu lieu et des textes ont été rédigés. Tout cela a résulté en une vision commune à pas mal de niveaux. Cependant, dans certains groupes de travail, il est vite apparu que le consensus ne serait pas possible pour tous les aspects discutés et pour certains d’entre eux, les visions étaient même diamétralement opposées. Mais qu’à cela ne tienne, le processus fut là aussi extrêmement enrichissant, tant pour les membres du groupe que pour le développement de la réflexion. Partisans et opposants ont formulé et développé leurs points de vue. Ceux-ci ont résulté en la formulation de propositions concrètes pour la réforme.
Pour être couronné de succés, un trajet participatif de cette envergure ne s’improvise pas :
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Une bonne préparation est cruciale. Réfléchissez bien au problème auquel vous souhaitez obtenir une réponse dans les différents groupes de travail. Formulez des objectifs clairs et posez des questions très concrètes.
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Prévoyez des deadlines fermes pour éviter que les groupes de travail ne s’enlisent ou ne se tranforment en salons où l’on cause sans jamais arriver à un résultat. Pour la conférence de première ligne, un peu plus d’une année a été prévue pour permettre à tous les groupes de travail de formuler des propositions.
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Désignez un accompagnateur du processus neutre qui veillera à ce que tous les points de vue soient entendus, au respect des deadlines et qui participera à l’élaboration des rapports.
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Soyez conscient que le consensus n’est pas possible pour tout et que la connaissance et la compréhension des points de vue divergents alimentent la réflexion. Documentez les points à propos desquels il n’y a pas de consensus et formulez les arguments pour et contre.
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Confrontez les propositions à un large groupe d’acteurs impliqués.
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Veillez à la présence de la bonne expertise dans les groupes de travail.
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Faites un suivi rapproché. Après chaque session de travail, nous avons envoyé un mini questionnaire à tous les participants pour capter leurs impressions sur l’approche et les adaptations à prévoir.
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Utilisez de nouvelles formes de discussion pour la génération d’idées avec de tels groupes de travail. La technique du World Café fonctionne bien dans ce cas-ci.
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Le leadership des présidents et une bonne définition de la stratégie influencent fortement le résultat final.
Et finalement, était-ce intéressant de mettre sur pied ce trajet participatif ? En ce qui me concerne, je dis oui! Tous les acteurs ont été impliqués dans cette réforme, une vision stratégique a été formulée et aussi la dynamique pour le changement est là !