Hendrik Vanmaele sur les 25 ans de Möbius

Article

31 janvier 2022
Hendrik Vanmaele

"Je ne peux pas dire que j'ai réalisé ce que j'avais prévu de faire, car je me suis lancé sans le moindre plan." Et pourtant, le fondateur et CEO Hendrik Vanmaele a réussi à faire de Möbius le plus grand bureau de consultance indépendant du pays. Son entreprise, qui fête cette année son 25e anniversaire, s'est constamment réinventée au cours du dernier quart de siècle en trouvant à chaque fois de nouvelles niches et de nouveaux secteurs. "Je crois fermement qu'en tant qu'entrepreneur, vous dépendez des personnes qui se trouvent sur votre chemin. Bien plus qu'un business plan, ce sont des rencontres et des conversations intéressantes qui ont écrit notre histoire entrepreneuriale."

C'est en 1997 que le professeur Hendrik Vanmaele a créé sa propre entreprise, en tant que spin-off de l'université de Gand. "Mais Möbius est une entreprise totalement différente aujourd'hui de ce qu'elle était il y a 25 ans", ajoute-t-il. "Nous venons à l'origine du monde de la logistique et de la supply chain, ce qui reste par ailleurs l'une de nos forces. Nous avons ensuite transposé cette expérience dans de nouveaux secteurs, tels que la finance, les services publics, les soins de santé, les pouvoirs publics, l'éducation,….. Nous avons toujours cherché de nouveaux créneaux. Dans le secteur de la santé, nous sommes aujourd'hui le leader du marché, précisément parce que nous y avons été actifs très tôt."

"Prenez un hôpital. Aujourd'hui, un hôpital moderne, c'est 20% de soins et 80% de logistique. La crise du coronavirus a rendu cela douloureusement clair. Vous devez constamment surveiller le flux de patients, assurer la rotation des médecins et des infirmières, planifier soigneusement les opérations et les traitements pour utiliser votre infrastructure coûteuse le plus efficacement possible, surveiller constamment le stock de médicaments, et je pourrais continuer encore longtemps. Les hôpitaux avaient très peu d'expérience en matière d'opérations logistiques, et nous en avions beaucoup. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans ce nouveau monde", explique Vanmaele.

Impact sociétal

Möbius est aujourd'hui le plus grand cabinet de consultance indépendant de Belgique, déclare le CEO avec une certaine fierté. "Vous avez les Big Four - Deloitte, PwC, EY et KPMG - et puis il y a nous. Je suis fier que nous soyons le plus grand acteur belge sur ce marché. Mais je suis particulièrement fier que, jusqu'à ce jour, nous soyons restés fortement axés sur notre mission."

"Les consultants n'ont pas toujours bonne réputation : on dit d'eux qu'ils sont des opportunistes qui ne formulent que des conseils creux et coûteux. Je ne me prononcerai pas sur la véracité de ces propos, mais nous ne voulons certainement pas agir de la sorte", déclare Vanmaele. "Bien sûr, nous voulons faire des bénéfices, mais nous ne devons pas forcément chercher les gros volumes. Le plus important est que nous ayons un impact sur la société. C'est le critère numéro un pour démarrer une collaboration avec de nouveaux clients et nous lancer dans de nouveaux projets."

Hendrik Vanmaele Headshot

"L'année dernière, en coulisses, nous avons aidé à mettre en place toute l'organisation de la campagne de vaccination. Veiller à ce que des millions de personnes reçoivent leur invitation à temps et puissent prendre rendez-vous facilement, s'assurer que chaque centre dispose d'un nombre suffisant de vaccins, élaborer des processus pour les centres de vaccination... En fin de compte, travailler sur un projet aussi vaste et complexe, avec un impact aussi important sur la société et l'économie, c'est ce qui nous motive.

"Tous nos employés savent que nous visons un impact sur la société, que nous construisons des ponts et que nous travaillons avec des personnes exceptionnelles. C'est la « sainte trinité » de Möbius."

"Attention, cette mission n'était pas là dès le premier jour. Elle a toujours joué un rôle important, mais elle n'a pas toujours été écrite noir sur blanc. Il y a vingt ans, par exemple, nous voyions déjà que l'économie circulaire jouerait un rôle important, et nous avons nous-mêmes participé à la création de Bebat en Recupel. Mais notre mission n’a pris une forme concrète que plus tard", explique Vanmaele.

"Nous l'avons écrite lorsque nous sommes passés à une organisation plate et autogérée. Si vous supprimez complètement la hiérarchie dans votre entreprise, vos employés perdent également leurs repères. Une mission claire donne une voie à suivre. Elle fait en sorte que tout le monde regarde du même côté, elle donne une direction. Tous nos employés savent que nous visons un impact sociétal, que nous construisons des ponts et que nous travaillons avec des personnes exceptionnelles. C'est la « sainte trinité » de Möbius.

Boule de neige

Aujourd'hui, Möbius compte une centaine de consultants dans ses rangs, et 15 autres personnes en support. Ces consultants sont basés en Belgique, mais aussi aux Pays-Bas et en France. L'entreprise est-elle aujourd'hui là où Vanmaele espérait qu'elle serait il y a 25 ans ? "Non, il y a 25 ans, je n'avais aucune idée précise de là où je voulais aller ou de ce que je voulais réaliser. Je n'avais même pas de plan pour la première année, et encore moins pour 2022", dit-il en riant. "Je peux difficilement prétendre aujourd'hui que j'ai réalisé ce que j'avais prévu, car je n'avais aucun plan à l'époque."

"Je crois fermement qu'en tant qu'entrepreneur, vous dépendez des personnes qui se trouvent sur votre chemin."

“De nombreuses entreprises se développent à partir d'un business plan concret. Möbius s'est toujours développée grâce à la force de son personnel", souligne le CEO. "Les talents que nous avons recrutés ont déterminé la rapidité de notre croissance et les nouveaux marchés et secteurs dans lesquels nous sommes entrés. Je crois fermement qu'en tant qu'entrepreneur, vous dépendez des personnes qui se présentent à vous. Bien plus qu'un business plan, ce sont des rencontres et des conversations intéressantes qui ont écrit notre histoire entrepreneuriale."

"Prenez le secteur hospitalier. Il s'agissait d'un monde totalement nouveau et inconnu auquel les cabinets de consultance ne s’étaient jamais intéressés jusqu'alors. Deux de nos consultants ont été les premiers à s’y intéresser. Ils ne connaissaient pas le secteur, mais ont appliqué leurs connaissances en logistique à un hôpital spécifique. Ce projet a déclenché un effet boule de neige. Après ce premier hôpital, nous avons commencé à travailler pour un deuxième et, avant même de nous en rendre compte, nous étions le leader du marché belge."

 

Hendrik Vanmaele lezing

Surmonter les préjugés et les clichés

 Pendant la crise du coronavirus, de nombreuses sociétés de consultance ont bénéficié d'un vent favorable. Aussi Möbius, selon Vanmaele. "L'année dernière nous avons vu deux évolutions. Tout d'abord, le cadre de travail de nombreuses organisations, dans pratiquement tous les secteurs, est devenu extrêmement imprévisible. De plus, la reprise économique a été beaucoup plus forte que ce que l'on aurait pu prévoir. La combinaison de ces deux éléments n'a fait qu'accroître le besoin de conseils et d’accompagnement. Toutes les  organisations ont besoin de change management."

 

"Par le passé, le réflexe de garder les choses en l’état et de préserver le statu quo était beaucoup plus fort. Mais avec la prise de conscience que la transformation est nécessaire et inévitable, les secteurs plus "classiques" tels que les pouvoirs publics, les soins de santé ou l'éducation ont également commencé à adopter le changement. Ils n'hésitent plus à faire appel à des compétences externes : nous faisons quelque chose que nous ne faisons pas tous les jours, cela doit être différent de ce que nous avons toujours fait et nous ne pouvons pas le faire seuls, entend-on souvent."

"Ce n'est vraiment pas le monopole des entreprises privées. Je pense que ce cliché devrait vraiment être enterré pour de bon. Chez Möbius, nous travaillons depuis 25 ans pour le secteur privé et le secteur public. Nous voyons également des personnes ayant une mentalité de soi-disant fonctionnaire travailler pour des entreprises et se contenter de faire leurs heures. Mais surtout, nous constatons une incroyable dose de passion tant dans les organisations publiques que dans les entreprises privées".

Construire des ponts

"Le personnel hospitalier a autant de passion pour ses patients que le personnel des entreprises privées en a pour ses clients", déclare Vanmaele. "Si on les compare à ce qu'ont fait les entreprises pendant la pandémie de coronavirus, les hôpitaux ou les écoles n’ont vraiment pas à rougir de la flexibilité dont ils ont fait preuve. Plus que jamais, les entreprises, les organisations et les secteurs doivent travailler ensemble pour formuler des solutions aux grands défis auxquels nous sommes confrontés. Il faut alors dépasser les préjugés et les clichés."

"La flexibilité dont ont fait preuve les hôpitaux ou les écoles pendant la crise du coronavirus n’est vraiment pas en reste par rapport à ce qu'ont fait les entreprises."

Collaborer. Selon Vanmaele, c'est le mot clé pour les années à venir. "Qu'il s'agisse de l'industrie, des banques, des énergies renouvelables ou de tout autre domaine : sur le petit mouchoir de poche qu'est la Flandre ou la Belgique, tout le monde ne peut pas faire la même chose séparément, l’un à côté de l’autre. Il s'agit de construire des ponts. C'est une partie intégrante de notre mission chez Möbius".

Hendrik Vanmaele

"Au cours des 25 dernières années, nous avons acquis une réputation de facilitateur et de bâtisseur de ponts. Dans le passé, par exemple, nous avons facilité un projet sur la prévention du burn-out. C'est extrêmement important, car le burn-out a un énorme impact humain, social et économique. Nous ne sommes ni médecins ni psychologues, mais nous pouvons aligner tous les partenaires afin de coordonner et de regrouper leurs efforts. La COVID-19 a montré qu'il n'est pas toujours évident de placer le gouvernement et les experts sur la même longueur d'onde."

Lancer la nouvelle génération

Après 25 ans de Möbius, Vanmaele voit une tâche primordiale pour lui-même. " Lancer la prochaine génération. Les personnes de la première heure arrivent progressivement en fin de carrière. Ils se préparent à faire leurs adieux ou veulent encore une fois faire quelque chose de totalement différent. C'est à moi de faciliter la relève de la garde."

"Nous nous adressons à un autre groupe cible d'employés : les personnes qui ne se soucient pas des titres sur les cartes de visite mais qui aiment façonner eux-mêmes leur emploi et leur carrière. Des personnes qui créent leur propre rôle."

Le talent n'est pas un problème, selon Vanmaele. "Ok, il est un peu plus difficile de trouver de nouveaux employés aujourd'hui. Mais j'ai déjà vu cette guerre des talents, elle va toujours de pair avec des hauts et des bas sur le marché du travail, les choses vont se calmer maintenant. Chez Möbius, nous avons suffisamment d'atouts pour attirer les talents. Certaines personnes recherchent la hiérarchie, elles aiment avoir un plan de carrière bien défini : une promotion toutes les x années, à chaque fois une voiture un peu plus grande et un bureau un peu plus grand. Nous nous adressons à un autre groupe cible d'employés : les personnes qui ne se soucient pas des titres sur les cartes de visite mais qui aiment façonner eux-mêmes leur emploi et leur carrière. Des personnes qui créent leur propre rôle.

"Je passe la plupart de mon temps à faciliter, à veiller sur notre mission. Je passe encore un quart de mon temps sur des projets clients, mais pas dans un rôle de dirigeant. Je suis maintenant avant tout un coach. Nos employés ont-ils des questions à me poser ? Parfait, je suis prêt à y répondre dans la mesure du possible. Peuvent-ils le faire eux-mêmes ? Alors je les laisse surtout faire. Cela me semble être un excellent état d'esprit pour armer Möbius pour l'avenir."

 

Cet articel a été écrit par Jeroen Verelst et sort d'une collaboration entre Bloovi Studio et Möbius. L'article original (en néerlandais) se trouve ici.

Bloovi logo