Nous attendons des entreprises commerciales, mais aussi des organisations du secteur public, qu'elles se préoccupent de minimiser leur impact négatif sur l'environnement et la société, tout en maximisant leur contribution positive.
Chaque organisation du secteur public - qu'il s'agisse d'administrations locales, régionales ou fédérales, d'agences, d'hôpitaux, de musées, d'universités et écolus supérieures, etc. - sera confrontée à des questions relatives à la durabilité et à sa transparence. Bien que les organisations publiques n'aient souvent pas les mêmes obligations légales que les entreprises, l'importance des rapports environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour elles ne peut être sous-estimée.
Les organisations publiques publient-elles des rapports sur le développement durable ?
La directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD) et la directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises (CSDDD) imposent aux entreprises des nouvelles obligations pour intégrer la durabilité dans leurs stratégies et leurs rapports. Cependant, la plupart des organisations du secteur public ne sont pas soumises à ces obligations contraignantes.1
Néanmoins, de nombreuses institutions publiques prennent des initiatives volontaires pour rapporter leur impact en matière de durabilité, couvrant des domaines tels que la gestion des bâtiments, la flotte de véhicules, les achats responsables et les politiques environnementales.
Chaque année, les "Belgian Awards for Sustainability Reports" offrent une belle occasion de de décourvir des exemples inspirants de rapports ESG dans le secteur public.
Les rapports SG dans le secteur public sont-ils suffisamment mature ?
Le reporting ESG dans le secteur public présente plusieurs défis. L'un des principaux est l'absence de méthodologies standardisées, qui rend difficile la comparaison des rapports de développement durable de différentes organisations. De plus, il y a souvent un manque de clarté quant aux sujets "matériels" (dans le jargon du développement durable, le terme "matériel" fait référence aux questions ESG les plus pertinentes et les plus significatives pour une organisation et ses parties prenantes) et quant à savoir s'ils font ou non l'objet d'un rapport.
Les activités de développement durable qui sont mises en œuvre sont largement visibles, tandis que celles qui ne sont pas évoquées, et donc pas mises en œuvre, restent floues.
De nombreuses organisations optent pour une approche narrative plutôt que pour des données quantitatives telles que l'empreinte carbone. Les plans d'action et les indicateurs clés de performance (ICP) qui mesurent les progrès et l'impact des initiatives en matière de développement durable sont limités.
Enfin, les rapports semblent fragmentés. Les organisations rendent compte de leurs activités en matière de développement durable dans différents documents, ce qui empêche les parties prenantes d'obtenir une image complète et intégrée.
Les organisations du secteur public ne devraient-elles pas adopter davantage les exigences en matière de rapports qu'elles ont imposées au secteur privé ? De plus, les organisations qui ne sont peut-être pas elles-mêmes soumises à l'obligation européenne de reporting reçoivent davantage de questions de la part des organisations réglementées par la CSRD, telles que les banques et les assurances, sur la manière dont elles traitent les questions ESG et sont donc mieux préparées.
"Les organisations du secteur public ont un rôle exemplaire et pourraient montrer qu'elles se conforment elles-mêmes aux normes strictes en matière de rapports sur le développement durable qu'elles imposent au monde de l'entreprise.
Comment pouvez-vous bénéficier de la CSRD et des autres cadres de reporting ?
Les organisations du secteur public peuvent bénéficier des cadres et des méthodologies développés au niveau international et européen pour identifier les impacts, les opportunités et les risques en matière de développement durable.
Objectifs de développement durable (ODD)
Les ODD sont un ensemble de 17 objectifs mondiaux adoptés par les Nations unies pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous d'ici 2030. Ils s'attachent à relever des défis majeurs tels que la pauvreté, les inégalités, le changement climatique, la dégradation de l'environnement, la paix et la justice.
👍
Les ODD existent depuis 2015, sont bien connus et utilisés dans le monde entier. Les objectifs sont faciles à communiquer et visuellement attrayants, ce qui permet d'engager un large public. Les ODD couvrent un large éventail de questions sociales qui sont souvent pertinentes pour le secteur public.
👎
Les Nations unies n'ont pas élaboré de méthodologie spécifique sur la manière dont les organisations devraient utiliser ces objectifs pour les rapports de développement durable. Les organisations doivent le déterminer elles-mêmes. Si les organisations se contentent d'utiliser les logos (colorés) sans prendre de mesures concrètes - ce que l'on appelle parfois le "rainbow stickering" - elles risquent de donner une fausse image de leurs efforts en matière de durabilité.
Global Reporting Initiative (GRI)
La GRI est une organisation internationale indépendante qui élabore des lignes directrices et des normes pour l'établissement de rapports sur le développement durable.
👍
La GRI existe depuis 25 ans et est largement et volontairement appliquée dans le monde entier. Elle fournit une méthodologie standard, y compris une analyse dite de matérialité, qui permet d'identifier les questions pertinentes en matière de développement durable. Le cadre normatif de la GRI est applicable à toute organisation, quelle que soit sa taille ou sa localisation.
👎
La GRI ne s'intéresse qu'à l'impact de l'organisation sur les personnes et l'environnement ("inside-out"), et non à la manière dont les facteurs externes liés au développement durable affectent l'organisation ("outside-in"). Toutefois, l'expérience montre que la perspective "extérieur-intérieur" contribue à mettre le développement durable à l'ordre du jour jusqu'au plus haut niveau de l'organisation, car il s'agit des performances (financières) de l'organisation. Pensez aux investissements nécessaires, aux économies de coûts, etc.
Les perspectives de matérialité "inside-out" et "outside-in" illustrées pour les organisations (semi)publiques actives dans le domaine des transports publics.
Exemple de matérialité interne-externe :
Un organisme de transport public contribue à la réduction des émissions de CO2 en offrant une alternative durable aux déplacements en voiture. Cela permet d'améliorer la qualité de l'air et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. L'utilisation de moyens de transport émettant moins de CO2 (par exemple, des bus électriques) permet d'améliorer encore la qualité de l'air et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Exemple de matérialité externe-interne :
Le changement climatique peut avoir des répercussions importantes sur les infrastructures et les équipements d'une organisation de transport public. Les conditions météorologiques extrêmes, telles que les vagues de chaleur, les fortes pluies et les inondations, peuvent endommager les chemins de fer, les gares, les trains, les bus, etc. Cela interrompt les services et nécessite des travaux de réparation.
Directive relative à l'établissement de rapports sur le développement durable des entreprises (CSRD)
La directive sur les rapports dedurabilité des entreprises (CSRD) est une directive obligatoire pour toutes les entreprises cotées en bourse et pour les grandes entreprises au sein de l'UE qui répondent à 2 de ces 3 critères :
-
plus de 250 employés ;
-
un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions d'euros ;
-
ou un actif total de plus de 25 millions d'euros).
👍
La CSRD, par le biais des normes européennes de rapport sur le développement durable (ESRS), fournit une méthodologie standardisée pour les rapports sur le développement durable. Cela garantit la cohérence et la comparabilité des rapports sur le développement durable, ainsi qu'un niveau élevé de détail et de transparence. Comme pour les entreprises, il est difficile pour les organisations du secteur public d'identifier les questions de développement durable les plus pertinentes et les plus significatives.
La CSRD peut les y aider et utilise le concept de double matérialité, qui consiste à examiner non seulement l'impact de l'organisation sur l'environnement ("inside-out"), mais aussi l'impact financier des questions de durabilité sur l'organisation ("outside-in"). Cela se fait par le biais d'un processus systématique impliquant les parties prenantes internes et externes.
👎
Le respect strict de l'ESRS peut être complexe et prendre du temps, en particulier pour les organisations qui ne sont pas encore familiarisées avec les rapports sur le développement durable. Les normes de reporting sont également adaptées aux entreprises (manufacturières) et moins aux organisations du secteur public.
Si vous souhaitez établir un rapport conforme à la CSRD, vous devez faire face à de nombreuses difficultés. La bonne nouvelle est que pour les organisations qui souhaitent s'aligner sur la CSRD, mais qui ne sont pas légalement tenues de le faire, des normes plus légères ont été développées, appelées VSME (Voluntary Small and Medium Enterprise European Sustainability Reporting Standard, norme européenne volontaire de reporting sur le développement durable pour les petites et moyennes entreprises). La norme VSME couvre les mêmes sujets ESG que l'ESRS pour les grandes entreprises, mais elle est proportionnelle et simplifiée. Elle n'exige pas non plus d'audit obligatoire.
Commencez par suivre ces trois conseils
Conseil n° 1 : se concentrer sur les sujets pertinents
Concentrez-vous sur les sujets qui sont vraiment pertinents pour votre organisation et vos parties prenantes. Rendez compte des domaines dans lesquels vos activités et services ont un impact sur l 'environnement et les personnes et des thèmes de développement durable qui ont un impact sur les performances (financières) de votre organisation. Pour les sujets "matériels", transformez vos ambitions en objectifs concrets et mesurables et en indicateurs de performance clés.
Conseil n° 2 : racontez toute l'histoire
Ne vous contentez pas de raconter les bonnes histoires, mais soyez également transparent sur les domaines à améliorer. Montrez comment votre organisation relève les défis et quelles mesures vous prendrez pour atteindre certains objectifs.
Conseil n° 3 : utilisez des méthodes de reporting standardisées pour une meilleure comparabilité
Par exemple, vous pouvez combiner la familiarité et l'attrait visuel des ODD avec la double analyse de matérialité de la CSRD, où les organisations évaluent leur impact positif et négatif sur les personnes et l'environnement, mais aussi la façon dont les éléments environnementaux et sociaux peuvent affecter leur performance(financière).
Envie d'en savoir plus ?
Découvrez deux études de cas inspirantes qui montrent comment les organisations publiques peuvent améliorer leurs stratégies et leurs rapports ESG.
-
La première étude de cas concerne une institution fédérale qui, à l'aide de Möbius, a utilisé les ODD comme cadre pour son rapport sur le développement durable, combiné à une analyse de matérialité conforme à la GRI. Il s'agissait notamment d'intégrer toutes les données dans un système vérifiable.
- La deuxième étude de cas concerne la société flamande d'énergie, qui a suivi le CSRD sous la direction de Möbius pour son plan d'action et son rapport ESG.
Intéressé par ces études de cas ? Ils ont tous deux été discutés lors de notre webinaire sur l'ESG pour les organisations (semi)publiques.
